•    Lors de l’adaptation filmique du manga, certaines scènes on été supprimées, déplacées, ajoutées, ou modifiées dut à des choix artistiques de l’équipe réalisatrice. D’autres encore on été intensifiées, nous essayerons d’analyser ce que le film apporte suite à ces changements. 

    - Au début du manga l’équipe de police (de la cybercriminalité), qui s’occupera de l’enquête sur Paperboy, est introduite directement lors d’une « arrestation » d’un mineur jugé pour cause d’upload illégal de jeux vidéos, cette scène se place après la prévision de Paperboy. Dans le film on ne la retrouve pas, la police est introduite juste après la vidéo de prévision de Paperboy (premières images du film). La trame, et la poursuite Police/Paperboy est mise en avant dès les premières minutes du film. Le film policier prend ces bases sur le fil rouge du film... Les personnages principaux, les deux camps, font donc leur première apparition.

    - Dans le manga, une victime de Paperboy a été agressée sexuellement par celui-ci, mais le fait est simplement rapporté par la victime (avec trois cases séparées consacrés aux images de l’histoire contée), dans le film, en plus d’être expliquée par la victime, les images y sont associées pendant près d’une minute (de sept minutes et trente secondes, à huit minutes et dix secondes environ). La scène semble avoir été allongée. L’ambiance, la musique, le lieux, les gémissements de peur, la lenteur de l’arrivée du bourreau vers la victime, le cri de douleur, tout coordonne et nous fait ressentir le sentiment d’angoisse présent dans la scène. Elle à reçu des ajouts par rapport au manga, et cela marche merveilleusement bien à notre suivi et notre ressentie de l’action (ici l’agression sexuelle).

     - Le film aux environs de vingt huit minutes et trente secondes: le passage où Okuda part faire un travail bien payé, bien que dangereux (il part à un chantier de construction), des images d’un quartier où semblent être des chômeurs japonais sont rajoutées, le contexte est intensifié, et nous permet une meilleure compréhension, notamment de l’ambiance (misérable).

     

     

    - Lors de la diffusion en direct de Paperboy (le seul où il n’annonce pas de « prévision ») le film amplifie son discours, et surtout il modifie l’ordre de cette scène en la déplaçant chronologiquement. Dans le manga, elle se trouve après le flash-back où Okuda, le personnage principal, le « leader » du groupe Paperboy, travaille en tant qu’intérimaire dans une boîte (il programme, il est dans le domaine de l’informatique), cette scène rappelle ses blessures émotionnelles le fait qu’il est était rabaissé par son patron, ainsi que ses collègues, sa dignité semblant être à néant. On comprend qu’il fait allusion à ses anciennes conditions de travail difficiles en tant qu’intérimaire. Dans le film, la scène se trouve après que le futur groupe de Paperboy se soit rencontrés (sans Hyôro qui va mourir). C’est à dire au moment où ils sont travailleurs sur le chantier de construction.

    On comprend que son discours porte ici sur les conditions difficiles et parfois cruelles de son travail au chantier, où le patron n’avait aucun respect pour ses employés, leur lançant des objets lorsque l’un d’eux s’effondrait et que quelqu’un osait l’aider. On imagine qu’il parle de la dignité d’être simplement humain, et non un esclave maltraité au travail. Le film amplifie le discours de Paperboy par rapport au manga, dans celui-ci il est présenté banalement, comme ses autres prédictions, seulement cette fois-ci le message semble avoir une portée philosophique (morale, humaine), qui s’observe notamment par toutes les personnes qui regardent son live en silence (aussi présentes dans la version filmique), mais le film semble comporter une image divine de Paperboy, un effet spécial affiche son visage sur le sac en papier, illuminé. A la fin de sa diffusion en direct, lorsque qu’il énonce sa phrase choc de sa justice « Si quelqu’un vous humilie sans raison, dites-le moi, je le tuerai. » (avec une répétition de « Je le tuerai à coup sur », qui insiste et appuie son discours) un ciel bleu s’affiche au plafond, au dessus de sa tête, comme un Dieu éblouie par la lumière sacré du soleil, il ne manque plus que la colombe.

    Dans les deux versions (manga, film) Paperboy pointe ses propres blessures émotionnelles, l’adaptant à chaque spectateur et les généralisant aux « humiliation(s) » où la « dignité est réduite à néant ». Ayant lu les deux adaptations, les deux conviennent à cette scène, pour le film on peut aussi penser que c’est pour mettre en avant l’amitié du groupe, ou plutôt le vécu de celui-ci. 

     

       

     - Le film montre une scène avec un faux Paperboy, qui suivant son idole, fait une prévision, il va tuer quelqu'un au hasard dans la rue. Par rapport au manga, on peut voir que la scène a été déplacée plus tôt, indiquant au spectateur l’influence (qui s’est répandue tôt) de Paperboy. La chronologie a été quelque peu modifiée, des plans comme la scène « des gardiens des mers » ont été supprimés.

    - Dans le film un nouveau personnage fait son apparition, c’est un homme qui travaille à la sécurité publique, il va prendre en charge l’enquête d’Erika et faire ses propres recherches sur Paperboy. Il connaît Erika depuis l’université et lui affirme indifféremment « tu n’as aucun ami ». Dans le manga c’est l’équipe d’Erika qui découvre la véritable identité de Nelson-Kato Ricarte, alors que dans l’adaptation filmique c’est donc ce nouveau personnage (avec la nouvelle équipe) qui le découvre. Cela ajoute même des « camps » dans la police, les deux groupes d’enquêteurs sont en tension, en adversité, au lieu de faire équipe ensembles. Finalement à la fin du film, le nouveau personnage se trompera de suspect. Tandis qu’Erika réussira à trouver le véritable lieu où le groupe de Paperboy s’est « donné la mort ».

     

     

    - Le personnage d’Erika diffère du manga au film, ses répliques cultes du manga 

    Libertés prises par le filmlui ont été retirées (les phrases où elle résonnait de manière peu philosophique).
    Libertés prises par le filmOn en apprend également sur son passé : elle était une enfant harcelée à l’école, et en proie au suicide (elle regarde l’eau du pont, et se souvint d’elle, enfant, quand elle a aurais pu abandonner de vivre). L’Erika du film semble plus fragile que dans le manga, et a même comme morale « Aller jusqu’au bout », « faire de son mieux »

    Le film apporte une dimension psychologique au personnage d’Erika qui n’était pas, ou presque pas, observable dans le manga. Elle semble avoir le même objectif que Okuda « Avoir un ami ». Ces deux personnages semblent également plus proches dans le film : Erika a des hallucinations d’Okuda (deux), ou du moins elle l’imagine, elle enquête sur lui, retrouve son passé, et accomplie la dernière mission qu’il lui a confié, malgré qu’ils ne se soient jamais véritablement parlés, un lien semble les unir. Le film a rajouté une scène de course poursuite entre Okuda et Erika, plutôt longue, ayant comme seul fond sonore leurs halètements dut à l’ effort de la course. A la fin Erika, ne pouvant pas l’attraper, va lui parler, lui dire d’arrêter de jouer les dieux sur Internet… Okuda va lui répondre qu’elle ne peut pas comprendre. Contrairement au manga, Okuda sera le seul du groupe qui s’intéressera à Erika, il va faire des recherches et à la fin du film va lui adresser un message (la mission), comme si il lui faisait confiance. Le film va donc enrichir et mettre en avant leur relation. A la mort d’Okuda, Erika pleure, et le spectateur se met à regretter qu’ils n’aient pas pu se rapprocher avant, la policière dit qu’ « il y a toujours une raison pour vivre ».

     

     

    Libertés prises par le film

    - A une heure vingt quatre du film, le groupe d’Okuda se rend en voiture à leur lieu d’exécution, un moment de silence avant la mort de ces quatre amis, une musique triste en fond sonore, tous regardant dans des directions différentes, tous pensifs. Cette scène ajoutée nous fait prendre conscience de leurs mort. Se retrouvant à la plage, ils se regroupent pour la dernière fois autour d’une table, puis rigolent une dernière fois. Le film s’est voulu plus sentimental, l’amitié du groupe est marquée par ces scènes. Okuda fait une vidéo en secret s’accusant lui même d’avoir menacé les autres de lui obéir entre autres, pour que ses amis puissent accomplir encore pleins de choses dans leurs vies respectives, sans finir des années et des années en prison. Il avait tout organisé pour eux.

    Okuda est également le seul à réellement se suicider. La dernière scène est certainement une des plus tristes de toutes, Il est entouré de ses trois amis autour d’une table, célébrant ensemble l’anniversaire de Metabo. Le film se finit sur le sourire d’Okuda.

     

     

    - Les trois membres du groupe qui sont en vie, se réveillent à l’hôpital, où les policiers leur demandent si c’est Okuda qui les a forcé à faire tout ça, ils sont tous les trois incrédules. Cette scène aussi ajoutée au film rapporte une magnifique valeur d'amitié...

     


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